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Purge Quotidienne
25 décembre 2009

Absolute cold night

Pendant que ma grand-mère maugréait à chacun de mes verres, ma mère se lamentait à grosses larmes derrière les fournaux. La croûte inférieure du veau en croûte est restée collée au plat, et, Ô rage, Ô désespoir, Ô popote ennemie, les galettes de légumes ont fondu dans le four, transformant les parts individuelles en une purée géante.

Dans l'attente du repas que maman tarde donc à apporter, je suis désignée d'office pour jouer avec la mouflette.

Mon problème est que je me situe entre deux âges. Lors d'une réunion de famille, je ne fais ni vraiment partie des enfants, ni vraiment partie des parents. Mais les adultes sont de vieux grigous, s'ils me déplacent dans la catégorie des enfants, ils savent bien que cela fait un gosier en moins à abreuver de vin. Ca tombe bien, ils trouvaient qu'ils n'avaient pas encore assez bu.

Sans faire d'objection, je pars donc regarder ma cousine jouer (Ah oui, elle ne veut pas que d'autres touchent à ses jouets, mais elle aime qu'on la contemple et qu'on la jalouse). Mais me voyant m'ennuyer, la mioche, finalement pas si reine-de-glace que ça, accepta de me faire participer à un nouveau jeu : me débattre pendant qu'elle essaye de me deshabiller et de me compresser les nichons. Persuadée que ma poitrine était factice, elle voulait vérifier que je n'avais pas mis d'oranges dans mon soutien-gorge.

Je me débats, j'arrive à m'extraire de l'emprise du monstre.

Je retourne à table, le plat est servi. Reniflant la bonne odeur de la viande, le chien s'approche de moi - enfin, de mon assiette - prenant soin de bien frotter son psoriasis sur mes vêtements. En plus de laisser des poils comme tous les chiens, celui-ci dépose ses croutes. C'en est trop, je suis jeune et j'encule les vieux, ma grand-mère contrariée en l'occurrence, et je décide de boire jusqu'à plus soif, voire plus encore.

Petite ellipse temporelle.

Pas de dessert, et l'alcool aidant, je ne pense plus qu'à dormir, dormir..
Le canapé m'accueille à coussins ouverts, je m'y enfonce, je m'y engonce, je m'y endors.

Au réveil, une heure plus tard, un paysage post-apocalyptique. Tout le monde est parti (a disparu dans les flammes?). Ne restent que mes parents, installés sur la terrasse glacée. Ils se regardent, en levant les yeux au plus haut car ils ont le dos très vouté, ils ont l'air de discuter de choses graves - je n'y crois pas trop. Mais toujours est-il que sur leurs visages, on peut lire que ce n'est pas le bout du tunnel, mais le bout du rouleau qui a l'air proche.

Je ne veux pas savoir de quoi il s'agit, je vais me coucher, je crois que c'est la dernière chose qu'il me reste à faire.

Je me lève, le lendemain, il est midi. Je descends dans la cuisine, et j'aperçois mes parents au même endroit, dans la même position et avec les mêmes expressions qu'hier soir. Je me demande même s'ils ne sont pas restés comme ça toute la nuit.

J'ai vécu de pires Noëls, mais celui là était franchement pas mal.

P.

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