On dit que les vapeurs de lentilles brûlées sont toxiques

Ma boîte aux lettres est comme mon estomac.

Oui, ça y est, le mystère s'est enfin éclairci ce soir;
Tendre boîte, je t'ai comprise.

Car voyez-vous, cela fait plusieurs semaines, plusieurs mois même, qu'une guerre froide s'est installée entre La Poste et moi.
Tout a commencé ce vendredi matin là, je guettais le bruit de la sonnette en trépignant, j'attendais le facteur, j'attendais un colis.
Le facteur est passé, mais le facteur n'a pas sonné (J'ai bien vérifié que la sonnette ne présentait pas de dysfonctionnement, je ne suis pas bêtasse à ce point là).
Non, le facteur a délicatement déposé son avis de réception dans ma boîte, bien décidé à ne faire aucun bruit.

Vous devez connaître, cette nouvelle méthode de la poste, qui consiste à faire passer le facteur chez vous deux fois avant de vous laisser le papier qui permet d'aller soi-même chercher son colis dans son bureau de poste le plus proche.

Je devais donc attendre le facteur une nouvelle fois.

Le lendemain, il a récidivé.

Et le lendemain c'était samedi, et le samedi la poste ferme à 14h.

Et le facteur, en plus de ne pas avoir voulu se manifester, a décidé de déposer son avis dans ma boîte... à 13h45. Je ne mens pas, l'heure est écrite sur le papier.

Sachant que je rentrais chez moi, dans ma nouvelle ville, le dimanche soir, et que la poste n'ouvre pas avant le lundi matin, il m'était impossible d'aller récupérer mon dû. Vous imaginez bien l'état dans lequel j'ai pu être.

Mais de l'eau a coulé sous les ponts,  j'ai fini par oublier cet incident. J'ai fini par redevenir copine avec la poste.
Puis elle s'est remise à me chercher des noises.

Voilà qu'elle traîne à envoyer le courrier que je poste, voilà qu'elle met des plombes à me donner le mien.
Et aujourd'hui, voilà qu'elle ne me le donne plus du tout. Vieille garce.

Alors j'ai commencé à devenir paranoïaque, je me suis montée contre tous les voisins, croyant qu'ils volaient mon courrier, puis contre le facteur qui faisait mal son boulot, j'ai imaginé quelqu'un de malfaisant interceptant mes lettres, j'ai même, même passé en revue mes ex-conquêtes mécontentes, me demandant si l'une d'elle ne travaillait pas à la poste.

Mais finalement j'ai compris.
Se développant parallèlement à mes problèmes de courrier : mes problèmes de nourriture.
Ma boîte aux lettres est à mon image.
Je mange, elle mange. 

Et lorsque je mange trop, comme une punition, elle digère mon courrier.

P.

( Je ne t'en veux pas, A. ! )