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Purge Quotidienne
13 décembre 2009

Les tuyaux tord-boyaux des lavabos

" Là où ça sent la merde, ça sent l'être.
L'homme aurait très bien pu ne pas chier, ne pas ouvrir la poche anale. Mais il a choisi de chier, comme il a choisi de vivre ! Au lieu de consentir à vivre mort.
C'est que, pour ne pas faire CACA, il lui aurait fallu consentir à ne pas être. Mais il n'a pas pu se résoudre à perdre l'être ! C'est à dire à mourir vivant.
Il y a dans l'être quelque chose de particulièrement tentant pour l'homme.
Et ce quelque chose, est justement LE CACA ! "
A. Arthaud


Quoi de mieux que cette belle introduction pour démarrer mon histoire du soir ?

Rien de mieux, en effet.

Je vous ai déjà parlé de ma boite aux lettre qui se la joue poche stomacale.

En réalité, c'est mon appartement tout entier qui se comporte comme un système digestif.

D'abord les radiateurs qui n'en finissent pas de gargouiller, comme des ventres affamés - encore ces histoires de faim sans fins -
Même après les avoir purgés, après leur avoir fait suinter leurs jus décantés puants et leurs vapeurs épaisses et fétides, (soit dit en passant, ces dégoutantes émanations n'ont eu d'autre effet que de nous rappeler quelques charmantes scènes de La Grande Bouffe)  ils ont continué leurs lanscinants gargarismes, sans explication aucune.

Ensuite, la salle de bain. Plus précisément le lavabo.
Bien. Nous avons passé l'estomac, les intestins.
C'est dans le lavabo que réside l'embouchure du système ...

Oui car, voyez-vous, notre trou de lavabo se trouve être l'anus du monde.

Vivre dans notre salle de bain rend la même sensation que celle de vivre dans le calbut du bien connu Maître Pétomane. C'est parfois une ignominie.

Pourtant Dieu a vu comme le siphon est propre !

Et puis d'ailleurs, au vu - ou plutôt au senti - de l'odeur, je dirais que le papier et l'encre ingurgités par ma boîte aux lettres sont plutôt mal digérés, je l'encourage donc par cette occasion à arrêter de bouffer mon précieux courrier.


En tout cas, et je le jure, le jour où je retrouverai un gros tas de merde dans mon lavabo, ce qui, d'après les évènements cités, ne me semble finalement pas si improbable, eh bien je déguerpirai très.. très loin.

P.

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