Bonjour décembre

Dans ma chambre chez ma mère,pendant prés de deux heures, sur le lit d'une personne je ne fais rien. Le désoeuvrement est tel qu'il finit par me faire pleurer à gros bouillon. Je me translate en douce jusqu'à la salle de bain afin de noyer les larmes sous le pommeau de douche. Avant cela je me pèse, non sans apréhension sur la vieille balance Teraillon. 51 kg alors qu'il y a quelques mois j'en pesais 56, je mange pourtant comme un estomac percé  et je me sens la silhouette lourde et grasse.

Entre deux hoquets j'imagine le sentiment que je pourrais ressentir en voyant 49 kg sur la balance. Les dizaines sont tellement symboliques, dans l'âge et dans la masse, dans les notes sur 20 aussi.

L'âge, j'en prend, mais je me sens revenue en arrière, ce poids, qui était le mien au lycée, et puis ma peau redevient capricieuse ainsi que celle d'une adolescente, ajouté au fait que je n'ai plus jamais mes règles, et l'ambiance si particulière des cours de danse classique.  Heureusement que je ne rétrécie pas!

"Je les aime mais je me dis que si je les tuais ça ne changerait pas grand chose". Voilà ce que le lis dans une lettre piochée au hasard, qui parle justement d'un séjour dans sa famille.

Mon coeur se serre, c'est comme une exhumation, c'est comme lire une lettre d'une personne décedée, disparue. Je trouve cela tellement morbide, ça ne devrait pas l'être pourtant! Je ne me remettrai probablement jamais de cette rupture de contact, qui a pris dans mon esprit la forme d'un ultime abandon paternel.

A.